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Amnesty International accuse Apple, Microsoft, et Samsung de fermer les yeux sur les conditions d’extraction du cobalt en Afrique

Le cobalt, ce minerai indispensable à la fabrication des batteries lithium-ion, et donc à la bonne marche de beaucoup de nos appareils électroniques, est aujourd’hui extrait dans des mines africaines. Et plus précisément en République démocratique du Congo (RDC). Longtemps soupçonnée d’alimenter les conflits armés dans cette région du globe, la production de cobalt est aussi un terrain propice à la violation des droits de l’Homme et, par extension, des droits de l’Enfant.

 

Amnesty-cobalt40 000 enfants, parfois âgés d’à peine 7 ans, feraient partie (parfois contraints et forcés) de ces quelque 150 000 “creuseurs” qui passent au minimum 12 heures par jour dans les tunnels des mines, occupés à extraire à mains nues le cobalt.

Une matière qu’ils revendent ensuite à des négociants ou à des intermédiaires pour un prix misérable. Maladies respiratoires, risque élevé de mort accidentelle, l’existence de ces mineurs (dans tous les sens du terme) est le plus souvent un enfer.

Mais alors une question se pose: les grandes entreprises qui, au bout de la chaîne de production, utilisent le cobalt pour faire marcher leurs appareils électroniques, ces entreprises, peuvent-elles ignorer, et/ou continuer à ignorer une telle situation? Ce n’est pas la conviction d’Amnesty International qui, en collaboration avec Afrewatch, vient de mettre en ligne un rapport de 88 pages au titre on ne peut plus évocateur: “Voilà pourquoi on meurt » (Les enfants qui travaillent pour nos smartphones).

Amnesty-cobaltL’organisation a remonté et analysé avec précision la filière du cobalt. En RDC, et plus particulièrement dans la région du Katanga, les auteurs du rapports ont identifié le rôle clé joué par une société chinoise, la Congo Dongfang Mining (CDM). Cette société est une filiale du géant chinois de l’exploitation minière Zhejiang Huayou Cobalt Ltd (Huayou Cobalt).

Du cobalt acheminé en Chine par cargo

Le cobalt du Katanga (RDC) arrive en Chine par cargo, dans la province côtière du Zhejiang, après avoir été acheminé depuis le marché de Musompo, banlieue de Kolwezi, jusqu’au port de Durban, en Afrique du sud. Huayou Cobalt et sa filiale CDM traitent alors le cobalt avant de le vendre à trois fabricants de composants de batteries en Chine et en Corée du Sud.

À charge ensuite pour eux de vendre leurs composants à des fabricants de batteries qui affirment fournir des entreprises du secteur de la technologie dont Apple, Microsoft, Samsung, et Sony, explique le rapport. « Les entreprises disent qu’elles ne peuvent pas vérifier d’où proviennent les minerais et la façon de les extraire. Mais nous avons prouvé que c’est possible de reconstituer la chaîne. Nous demandons aux entreprises de donner ces informations », a expliqué à RFI Lauren Dean Amistead, chercheuse à Amnesty International.

L’ONG appelle donc « les sociétés multinationales qui utilisent des batteries lithium-ion dans leurs produits à procéder à des contrôles en matière de droits de l’Homme en enquêtant pour savoir si le cobalt utilisé dans ces batteries est extrait dans des conditions dangereuses ou par des enfants, et à être plus transparents sur leurs fournisseurs ».

Prise de conscience citoyenne

Amnesty-cobalt« Des entreprises qui réalisent plusieurs milliards d’euros de bénéfices par an devraient avoir la capacité de se renseigner sur la provenance des minerais qu’ils utilisent, et au moins de savoir quelle entreprise a transformé ou vendu ce minerai », souligne Amnesty International. Sur les 16 grands groupes* interpellés par Amnesty, six se sont engagés à enquêter sur de possibles violations des droits de l’Homme dans la chaîne d’approvisionnement et de production du cobalt.

Sur son site Internet, Amnesty appelle également les consommateurs à une prise de conscience citoyenne et invite les possesseurs de smartphone à faire pression sur leurs grandes marques préférées. Notamment, aussi futile que cela puisse paraître, en les apostrophant sur Twitter.

Ce sujet n’est malheureusement pas nouveau. Les ONG publient régulièrement des rapports dénonçant les conditions d’extraction du cobalt et d’autres minerais. En France, cette question a, notamment, déjà été abordée dans deux reportages. Dans un numéro, produit par Premières Lignes, du magazine Cash Investigation diffusé sur France 2, et pudiquement intitulé “Les secrets inavouables de nos téléphones portables”. Ainsi que dans un documentaire, “Du sang dans nos portables?”, un reportage de 52 minutes diffusé par Special Investigation sur Canal Plus, et que vous pouvez retrouver en entrée de cet article. 

  • Ahong, Apple, BYD, Daimler, Dell, HP, Huawei, Inventec, Lenovo, LG, Microsoft, Samsung, Sony, Vodafone, Volkswagen, et ZTE

Une réponse

  1. Quelle honte !!!

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