Et cette année pas question de s’orienter vers l’industrie pétrolière, de l’automobile ou de l’armement… Cap sur la Silicon Valley, un monde de l’Internet qui leur tend les bras. Et où chacun trouvera son compte dans un échange de bons procédés pas toujours totalement désintéressés.
Silicon Valley-Washington, liaisons dangereuses? Pas forcément. Mais fermer les yeux sur les relations entre le pouvoir politique et le pouvoir technologique aux Etats-Unis c’est assurément ignorer une réalité.
Certes, entre la Silicon Valley et Washington les relations ne datent pas d’hier. Le ministère de la Défense (Pentagone) a toujours su garder (a minima) un oeil bienveillant sur les évolutions technologiques de la Silicon Valley, depuis des décennies.
Pentagone, NSA et CIA
Il n’y a qu’à se souvenir d’un David Packard (le « P » de Hewlett-Packard) qui termina sous-sécretaire d’Etat à la Défense dans l’Administration Nixon, ou de Max Kelly, l’ex-Chief Security Officer de Facebook parti travailler pour la NSA.
Une agence de renseignement comme la CIA procède régulièrement à des investissements via son fonds de capital-risque, In-Q-Tel (IQT), dans des « jeunes pousses » de son choix. Des investissements qui sont parfois communs à ceux d’un Google.
Aux Etats-Unis, les séries TV (House of Cards, saison 4) où le cinéma ( avec le récent film d’espionnage Jason Bourne), s’emparent aujourd’hui avec plus ou moins de réussite et de manière parfois caricaturale de ce thème.
Mais depuis quelques temps les relations entre Washington et la Silicon Valley ont pris un nouveau tour. L’Administration Obama est allée débaucher certain(e)s de ses collaborateurs (trices) dans la Valley, à l’instar de Megan Smith, venue de Google.
Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a récemment accepté l’idée de rejoindre Eric Schmidt (Google) au sein du « Defense Innovation Advisory Board« , une initiative du Pentagone, c’est-à-dire du ministère de la Défense des Etats-Unis, pour rapprocher les leaders de la Silicon Valley des hauts responsables militaires du pays.
Dernière tendance pour les fonctionnaires de Washington, le reclassement dans la Silicon Valley, où ils et elles sont accueillies à bras ouverts par des groupes Internet qui investissent de plus en plus dans le « lobbying » (pardon, qui cherchent à développer leurs « relations institutionnelles »), et/ou à conquérir toujours plus de nouveaux marchés.
Citons quelques noms plus ou moins connus du grand public… Sheryl Sandberg, ancienne chef de cabinet (nous y reviendrons), du ministre des Finances Larry Summers dans les années 90, passée par Google et devenue aujourd’hui numéro 2 de Facebook, aux côtés de Mark Zuckerberg. David Plouffe, l’un des responsables de la campagne présidentielle de Barack Obama, parti chez Uber, Eric Holder, ancien ministre de la Justice, débauché par Airbnb, Nick Shapiro ancien de la Maison Blanche, puis de la CIA également passé chez Airbnb.
Flux migratoire
… Ryan Metcalf (ancien conseiller à la Maison Blanche) qui travaille aujourd’hui avec Max Levchin, l’un des co-fondateurs de PayPal et à ce titre membre éminent aux côtés du milliardaire Peter Thiel (Cf. NewZilla.NET du 26 mai 2016) et d’autres de la mythique « PayPal Mafia« . Voilà, en quelques exemples, pour le jeu de chaises musicales.
Accompagnant ce nouveau flux migratoire on notera également un élément intéressant, qui voit le monde politique marquer de manière assez surprenante de son empreinte le monde et l’organisation des start-up et des groupes Internet.
Ainsi, dans cet univers où les P-DG aiment bien à se représenter portant des t-shirts et des sweets à capuche, assiste-t-on depuis quelques temps à l’arrivée de nouvelles fonctions, qui traduisent une certaine formalisation ainsi qu’une rigidification des rapports entre les dirigeants du monde l’Internet et leurs collaborateurs.
On constate l’apparition de plus en plus fréquentes (sous des appellations diverses) de la fonction de « Chef de cabinet » qui prendra par exemple le nom de « Technical lead » chez Intel ou chez Amazon, ou bien de « Director of the office of the CEO », pour Sam Teller qui travaille aux côtés d’Elon Musk (Tesla).