La mise à disposition d’un terminal connecté (pour environ 150 dollars), la location d’un film pour une durée de 48 heures au prix de 50 dollars, à en croire Sean Parker, co-fondateur (avec Shawn Fanning) de Napster, il n’en faudrait (presque) pas plus pour garantir le succès de The Screening Room, son tout dernier projet dont la récente révélation dans les colonnes de Variety a fait l’effet d’une bombe à Hollywood.
Une bombe, car s’il devenait réalité, le projet de Sean Parker porterait un coup (fatal?) à la chronologie des médias, un mécanisme qui veut aujourd’hui qu’un film ne soit disponible en VOD que plusieurs semaines ou plusieurs mois après sa sortie en salles.
Piratage à domicile
Ici, Sean Parker, qui affirme avoir reçu le soutien de réalisateurs comme Martin Scorsese, Steven Spielberg, ou Peter Jackson, préfère pour sa part parler de « sortie en salle virtuelle », 20 dollars sur les 50 dollars payés par l’utilisateur pour la location du film devant revenir aux exploitants…
Beaucoup dans le monde du cinéma, à l’instar de Christopher Nolan, du Art House Convergence, un organisation qui regroupe 600 cinémas d’art et d’essai sont vent debout contre le projet. « Nous ne sommes pas contre l’innovation mais le risque de piratage est tout simplement trop grand dans ce projet », explique sa présidente Barbara Twist. « Comment pourra-t-on empêcher quelqu’un de filmer l’écran avec une caméra HD et de diffuser ensuite le film sur Internet ? Ce serait un non-sens d’autoriser ce projet alors qu’on équipe aujourd’hui les agents de sécurités de jumelles de nuit aux avant-premières pour que personne ne pirate le film ».
Du côté des studios et des distributeurs dont l’accord est indispensable pour assurer la viabilité économique de The Screening Room, seul le réseau AMC (650 salles aux Etats-Unis) aurait donné son aval. Mais encore faut-il souligner qu’AMC est en réalité détenu par Wanda Group, un conglomérat chinois (premier exploitant de salles dans le monde), qui espère via ce concept développer le marché de la « vidéo à la demande » en Chine, indique Télérama.