“Une fois payé mon loyer, qui représente 80% de mon salaire, je n’ai plus de quoi faire les courses”. (…) “Cher Jeremy, Est-ce que tu ne trouves pas ça un peu étonnant qu’une employée qui travaille pour cette application de livraison de repas pour laquelle tu as dépensé 300 millions de dollars, n’ait même même pas de quoi s’acheter à manger?”
Dans une lettre ouverte au PD-G de Yelp postée il y a trois jours sur la plateforme Medium.com, Talia Jane, 25 ans, employée pour Eat24, le service de livraison de repas de Yelp, évoquait sur un ton tout à la fois ironique et dramatique ses conditions de vie (son salaire chez Yelp, 8,15 dollars de l’heure après impôts), celles de ses collègues (parfois eux-mêmes SDF, quand ils ne sont pas obligés d’avoir un second emploi pour pouvoir payer leurs factures), et le coût de la vie, devenu exorbitant, à San Francisco et dans la région.
Quelques heures après la publication de sa missive, Talia Jane a obtenu une réponse de la part de Yelp… Pas forcément celle qu’elle espérait, puisque Yelp a purement et simplement décidé de la licencier (officiellement pour ne pas avoir respecté le code de conduite de la société).
Une communication d’amateurs
Dans une réaction qui ne manque pas de piquant, un porte-parole du groupe Internet a tenu a précisé que Yelp était “sur bien des points d’accord avec Talia Jane, et que sa lettre constituait un témoignage vibrant sur les conditions de vie dans la baie de San Francisco, ainsi, ce qui est encore plus important qu’un formidable exercice de liberté d’expression”.
Bref, non seulement le groupe Internet a décidé de manière expresse, c’est-à-dire vraisemblablement sans même prendre le temps de réfléchir à la portée du post de Talia Jane, de se passer de ses services, mais en plus, les petits commentaires narquois adressés aux médias trahissent toute la condescendance du groupe Internet par rapport à ce qu’il est convenu d’appeler le vil peuple, qui constitue sur ce segment d’activité la base de ses employés.
L’erreur de communication est bien évidemment énorme de la part de Yelp. En adoptant une telle attitude, le groupe Internet écorne son image, l’information étant reprise un peu partout sur le Web et le post de Talia Jane partagé plusieurs milliers de fois. La seconde option aurait été de communiquer publiquement (c’est-à-dire au même niveau que le message envoyé) en réponse aux propos parfois très véhéments de l’employée Talia Jane, pour expliquer que le groupe Internet était très au fait de la situation, qu’il en prenait conscience et qu’il allait entamer une réflexion de fonds sur le sujet.
Seulement voilà, quand la communication, fut-elle celle d’un groupe Internet, se trouve être confiée à des amateurs, on en arrive à un résultat aussi désolant que celui-ci…