Ce système de « crédit social » dépasse toutes les anticipations formulées par l’écrivain George Orwell dans son roman “1984”.
Officiellement, la mise en place de ce projet, actuellement en phase de test sous la forme de plusieurs dizaines de variantes, est prévue pour 2020.
L’idée, en collectant plusieurs centaines de données sur un individu auquel sera rattaché un numéro d’identité unique, est de pouvoir évaluer le niveau de moralité et de légalité d’une personne, en lui attribuant un score qui servira lui-même de base à la mise en place d’un système de récompenses ou de sanctions.
Les individus seront notés en fonction de leur comportement dans la vie quotidienne, sur les réseaux sociaux, ou dans le monde professionnel.
Les autorités de Pékin ont pour l’heure décidé de tester ce projet dans plusieurs dizaines de villes mais aussi de confier l’élaboration de certaines déclinaisons du projet à de grands groupes internet, comme le géant du commerce en ligne Alibaba.
Alibaba à la manoeuvre
Le concurrent d’Amazon a ainsi développé le système de crédit Sésame. Ce système intègre tout à la fois du machine learning et de l’intelligence artificielle pour traiter les données, souligne l’économiste Antonia Hmaidi, citée par Le Monde.
Il a notamment permis de garder captifs les internautes sur les services et produits d’Alibaba, de faciliter les paiements et de déterminer leur solvabilité dans un pays, la Chine, ou encore beaucoup de gens n’ont pas de carte de crédit ou de compte en banque.
Le texte suivant est extrait du documentaire de Sophie Lepault et Romain Franklin, “Le monde selon Xi Jinping”. Ce film, diffusé sur Arte le 18 décembre 2018, est disponible en replay (visionnable ci-dessous) jusqu’au 15 février 2019.
Pour assurer la stabilité du régime politique chinois, Xi Jinping, qui s’est autoproclamé président à vie de la République populaire de Chine en 2018, veut être le premier au monde à créer un système de contrôle généralisé de la population capable de régir tous les aspects de la vie des citoyens. Pour cela, il teste actuellement dans plusieurs villes un système de surveillance et de notation appelé “crédit social”.
“Il y a quelques années quand je sortais de chez moi j’étais souvent suivi par un véhicule, mais maintenant cela a changé car on peut suivre absolument tous les déplacements grâce aux caméras de surveillance, par exemple ils savent parfaitement où je suis allé aujourd’hui”, explique l’historien Zhang Lifan.
“C’est très perfectionné. Maintenant “Big Brother” est vraiment partout. A chaque moment, à chaque endroit, il y a un oeil qui te surveille. Et c’est évidemment l’oeil du gouvernement (chinois).”
Reconnaissance faciale
Une nouvelle technologie de reconnaissance faciale met instantanément un nom et des informations personnelles sur un visage, même en mouvement. Les Chinois pourront potentiellement bientôt tous être officiellement fichés par un logiciel policier. Il n’y a pas de restrictions en Chine, il n’y a pas de loi sur les données personnelles ; elles ne sont pas respectées. Le Parti communiste à la liberté totale d’ouvrir cet espace et de faire ce qu’il ne pouvait pas faire auparavant, c’est-à-dire entrer dans la vie intime du peuple chinois.
Sur sa fiche, chaque citoyen dispose d’un capital de 1000 points ; à chaque action dans sa vie privée ou professionnelle, sur son compte bancaire ou sur les réseaux sociaux le système lui attribue une sanction ou une récompense et enregistre des gains ou des pertes de points.
Professions interdites
“Le crédit social est un système où les informations de base sur tous les citoyens seront consignées dans un registre permettant d’évaluer s’ils sont de bons ou de mauvais citoyens. C’est donc un formidable instrument de contrôle” souligne Stein Ringen, politologue à l’université d’Oxford, et auteur de “La dictature parfaite: la Chine au XXIème siècle” (…) “Par exemple il est utilisé pour déterminer qui sera autorisé ou pas à voyager à l’étranger et même à l’intérieur du pays.”
Pour Pierre Haski, aujourd’hui président de l’association Reporters sans frontières (RSF) et qui fut longtemps correspondant du quotidien Libération en Chine, “si vous avez une mauvaise notation parce que vous avez critiqué le président sur un réseau social ou si vous avez fait preuve d’indiscipline dans votre travail, il y a des professions qui vous seront interdites. Vous ne pourrez pas être enseignant, policier ou cadre du Parti ou d’une entreprise.”
Facebook sous influence
“Cette question va déterminer le sort de la planète entière puisque des entreprises technologiques chinoises, un jour, chercheront à s’étendre à l’étranger”, prédit François Bougon, journaliste au quotidien Le Monde et auteur de “Dans la tête de XI Jinping”.
“De nombreux nouveaux médias, comme Facebook, prennent en compte les instructions de la Chine”, rapporte Yu Jie, un biographe de Xi Jinping qui vit désormais en exil aux Etats-Unis. “J’ai récemment publié sur Facebook un texte critiquant le Parti communiste chinois, mais sans propos haineux ou violents, et j’ai reçu un notification de Facebook me disant que mon compte était suspendu pendant 24h. Donc, même si je vis aux Etats-Unis, je n’ai pas la liberté totale de critiquer le Parti. Le Parti communiste chinois a déjà commencé à affaiblir les valeurs des droits de l’Homme et la liberté d’expression au niveau mondial.”
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