Mark Zuckerberg aime les négociations secrètes chez lui, au coin du feu, ou au bord de sa piscine. Quand il négociait le rachat d’Instagram pour 747 millions de dollars avec son PDG Kevin Systrom, c’était chez lui, sans en informer le reste des dirigeants de Facebook, et en prenant soin de repousser la conclusion des négociations par lui menées, après le diffusion d’un épisode de la série Game Of Thrones…
Hier Zuckerberg vient de ré-éditer l’exploit avec WhatsApp, à ceci près qu’il a cette fois-ci accepté de mettre 19 milliards de dollars dans la corbeille. WhatsApp, c’est cette application mobile de messagerie, créée en 2010, au chiffre d’affaires inconnu, mais qui revendique déjà près de 450 millions d’utilisateurs.
Le jeune papa de Facebook était en contact depuis plus d’un an avec Jan Boum et Brian Acton, les deux co-fondateurs de WhatsApp, et le comme le veut la tradition, le “deal” a été conclu à la maison, autour d’un bon dîner. En pratique, Facebook (qui a réalisé 7,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2013, contre 59 milliards pour Google) accepte de débourser 19 milliards de dollars pour WhatsApp, ce qui en fait de loin la plus grosse opération de rachat jamais réalisée dans le monde de l’Internet. Facebook versera 4 milliards de dollars en liquide, et 12 milliards de dollars en action (les mauvais esprits diraient en “monnaie de singe”, mais ce sont bien évidemment de mauvais esprits).
3 milliards de dollars supplémentaires (toujours en titres Facebook) seront alloués aux deux co-fondateurs et aux 55 employés de l’ex-start-up sur les quatre ans à venir. Enfin, si le rachat venait à ne pas se faire, Facebook a tout de même consenti à signer un petit chèque de 2 milliards de dollars pour le dérangement et la gêne occasionnée…
Facebook échaudé par le refus de Snapchat
Mais pourquoi donc Facebook a-t-il mis la main sur WhatsApp? Tout d’abord, échaudé par la fin de non-recevoir qu’un Snapchat lui avait adressé (pour un chèque avoisinant alors les 3 milliards de dollars) le réseau social, à l’instar de la politique d’acquisitions d’un Yahoo! vieillissant, ne voulait pas forcément laissé partir WhatsApp dans les bras d’un concurrent.
WhatsApp et ses 450 millions d’utilisateurs (au rythme de croissance d’un million par jour), WhatsApp et son public jeune, une tranche d’âge sur laquelle Facebook commence à marquer le pas, tout spécialement aux Etats-Unis… WhatsApp et ses parts de marché impressionnantes en Europe et dans les pays émergents, où Facebook peine parfois à s’imposer. En voilà des raisons ! Reste que le chèque par son montant, parait un peu gros (près de 10% de la capitalisation boursière de Facebook), et par son côté quelque peu irrationnel ne manquera pas de faire penser au retour de la si redoutée “bulle Internet”.
Un rendez-vous manqué à 19 milliards de dollars
Au moment de racheter WhatsApp, Mark Zuckerberg n’avait jamais entendu parler de l’un de ses co-fondateurs, Brian Acton. Et pourtant, si tel avait été le cas, il aurait pu économiser 19 milliards de dollars. En août 2009, Brian Acton cherchait un job. Il a tenté sa chance chez Twitter, et auprès de Facebook, sans succès.
Facebook turned me down. It was a great opportunity to connect with some fantastic people. Looking forward to life’s next adventure.
— Brian Acton (@brianacton) 3 Août 2009
Suite à ces refus (oh combien perspicaces!) le futur milliardaire ne s’est pas démonté, et s’en est allé créer WhatsApp avec son compère Jan Boum. Aujourd’hui WhatsApp, implanté à Mountain View (et non pas à San Francisco) ne compte que 55 employés dont 32 ingénieurs. Et doit principalement son succès au bouche-à-oreille. La start-up n’ayant jamais dépensé un dollar ni en marketing, et encore moins en communiqués de presse. A méditer…