Les terroristes, ou leurs complices, assistent parfois à des enterrements de terroristes, savamment équipés de leurs téléphones portables, ou plutôt de leurs… smartphones.
Partant de ce principe, les services de police et de renseignement belges ont fait appel au savoir-faire de la NSA (National Security Agency) en matière de collecte et d’analyse des métadonnées pour les aider à remonter la piste de Salah Abdeslam, c’est ce que révèle en exclusivité une longue enquête publiée sur le site d’information BuzzFeed.com.
Une traque technologique dont voici le résumé. Au début du mois de mars, après plusieurs mois de fouilles d’appartements menées sans succès sur Bruxelles et ses alentours pour mettre la main sur Salah Abdeslam, un nouvel élément va permettre de relancer l’enquête.
Un terroriste vient en effet d’être identifié. Son nom, Chakib Akrouh. L’homme était mort lors de l’explosion de sa ceinture piégée au cours de l’assaut donné par les forces de polices françaises à Saint-Denis le 18 novembre 2015. Sa famille a alors décidé d’organiser son enterrement. La police belge qui avait jusqu’ici fait chou blanc choisit d’anticiper sur l’organisation de la cérémonie.
Interception de signaux
Partant du principe que l’assistance ne serait pas exclusivement composée de badauds et de simples touristes, la Belgique fait alors appel aux services de la NSA, une structure de renseignement qui, comme l’avait révélé il y a quelques années Edward Snowden, a la capacité de collecter et de traiter une grande quantité de données pour les transformer en informations utilisables.
Selon un responsable de la lutte antiterroriste et un enquêteur de la police belge interrogés par BuzzFeed.com, une connaissance avérée de Salah Abdeslam était en train de filmer l’enterrement. « Le gars filmait ça sur son smartphone —ça voulait dire qu’il allait envoyer le fichier à quelqu’un », a déclaré l’agent de la sûreté de l’Etat. « On a demandé à la NSA d’analyser tout particulièrement ce téléphone. » Sachant que « la NSA est la meilleure pour intercepter les signaux. »
Une stratégie, semble-t-il, efficace puisque Salah Abdeslam a été interpellé le 18 mars 2016 à Bruxelles, soit quelques jours à peine après l’enterrement de Chakib Akrouh.