Pour tenter d’éviter un effondrement de l’économie française liée à la crise du coronavirus, l’Etat se substitue aux entreprises en difficulté, en prenant en charge le salaire des collaborateurs placés en chômage partiel. Problème, certaines d’entre elles obligent dans le même temps à continuer à travailler à plein temps en télétravail, et ne voient dans ce mécanisme qu’un moyen providentiel de détourner des fonds publics.
CORONAVIRUS / Depuis quelques jours les colonnes des journaux regorgent de témoignages et d’articles dénonçant les abus de certaines entreprises, soupçonnées de profiter bien au-delà du raisonnable des mécanismes de chômage partiel mis en place par le gouvernement.
Dans Le Parisien, des salariés expliquent être, par obligation de leur employeur, au chômage partiel malgré une activité à plein temps en télétravail.
Les mesures d’urgence de chômage partiel permettent aux employeurs d’indemniser les salariés à hauteur de 70 % de leur salaire brut en étant totalement remboursé par l’État. Une disposition aujourd’hui évaluée à 8,5 milliards d’euros par mois pour les finances publiques.
Le vendredi 27 mars 2020, le recours au dispositif du chômage partiel avait déjà été demandé par 220.000 entreprises pour 2,2 millions de salariés au total a déclaré dimanche 29 mars 2020, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Soit plusieurs milliers de demandes par minute.
“L’objectif du chômage partiel, que l’on utilise massivement, c’est d’éviter les licenciements. Mon premier objectif, c’est qu’on évite les licenciements”, (…) “d’éviter la casse sociale et de permettre aux entreprises, demain, de repartir avec leurs compétences”, a souligné la ministre du Travail.
Problème, certaines entreprises abusent de ce dispositif et en profitent pour faire du profit. “Ils nous ont clairement menacés si nous n’acceptions pas, explique anonymement au journal Le Parisien, l’une des salariées d’une entreprise de livraison.
“En plus, avec l’épidémie, tous les Français commandent sur Internet et notre activité de livraison est plus soutenue que d’habitude. Nous ne comptons pas nos heures ces jours-ci. Et dire que cet argent que l’entreprise va toucher aurait pu servir à la collectivité, aux hôpitaux, aux soignants !”
Pour contrer ces abus si le ministère du Travail prévoit déjà de renforcer les contrôles une fois la crise du coronavirus passée, il n’est pas non plus interdit aux employés concernés et victimes de dénoncer ces pratiques illégales.
Après avoir adressé un courrier à son employeur lui rappelant l’interdiction de travailler dans telle ou telle circonstances, il est possible d’alerter l’Inspection du Travail.
Dans les entreprises de plus de 11 salariés, relève FranceInfo, les élus du personnel, doivent être mis au courant, et le Comité social et économique doit être informé de la demande de chômage partiel et de la réponse qui lui a été donnée.
Par ailleurs, s’il est placé en chômage partiel total, l’employé a le droit de refuser de travailler. “Autre cas possible, l’entreprise peut alterner dans la semaine les jours de télétravail et les jours d’inactivité pour chômage partiel. Mais il faut que ça soit clairement dit”, poursuit FranceInfo.